#alimentation #PlantBasedFood #UsinesALegumes ... Le tour d'horizon des actualités marquantes dans un monde en mouvement. Bonne lecture
Pour innocente qu’elle paraisse, la question mérite qu’on y regarde de plus près. Le bouleversement en cours de nos systèmes alimentaires va provoquer de grandes évolutions dans les prochaines décennies. Parce qu’il faut nous nourrir mieux, nutritionnellement parlant, en pesant moins sur notre environnement. On se souvient du récent développement des gammes de succédanées de viande composées à partir de végétaux (plant based food). Après une hype un peu folle, le soufflé, s’il n’est pas retombé, a perdu un peu de sa superbe. Les pionniers du secteur, Beyond Meat, Impossible Food entre autres, tirent la langue à l’aune de résultats financiers décevants. Les consommateurs n’ont pas encore choisi de complètement verdir leur menu. Il y a eu en parallèle le développement des protéines de laboratoire, viande, œufs, tout a été testé mais peu de produits ont atteint, pour l’instant, les assiettes. Trois obstacles majeurs, la difficulté du changement d’échelle et la complexité des process, les barrières réglementaires, le peu d’appétence des consommateurs. Parce qu’à chaque fois, il faut s’affranchir de la question du goût et de l’aspect. Les plus iconoclastes allant même jusqu’à dire qu’il faudrait arrêter de copier ce qui existe et proposer des aliments complètement nouveaux.
Mais la solution passera, peut-être, par l’hybridation des techniques, le plant based, la viande synthèse, et d’autres technos de production de protéines alternatives encore en développement à base de mycélium, de fermentations, d’insectes… Une étude récente publiée dans Frontiers in Science dresse un tableau précis des différentes techniques, de leurs avantages et de leurs points faibles et propose une feuille de route pour le futur. Les chercheurs insistent sur la nécessité d’optimiser les process d’en maîtriser le coût et d’améliorer les propriétés fonctionnelles, les profils nutritionnels et les attributs sensoriels. Il faudra aussi passer par-dessus l’écueil de la combinaison des différents ingrédients, peu de recherches ont été réalisées dans ce domaine pour le moment et convaincre les consommateurs, donc déployer une approche des marchés et une communication adéquate. Le patron d’Impossible Food ne dit d’ailleurs pas autre chose en invitant le secteur du Plant Based Food à changer de stratégie parce que « les gens ne veulent pas manger des aliments technologiques ou climatiques.(…) Vous devez cibler les consommateurs de viande et les inciter à essayer votre produit, mais vous ne les inciterez pas à essayer votre produit en les insultant. » Cash.
- Yann Kerveno -
Jamais. Symbole du développement des alternatives végétales à la viande, l’entreprise américaine Beyond Meat n’a jamais gagné d’argent depuis sa création. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir levé des fonds par centaines de millions de dollars, jusqu’à son entrée, fracassante, à la bourse de New York en 2019, où elle fut valorisée en quelques heures à plus d’un milliard de dollars. Fin octobre, ses actions valaient moins de deux dollars après que l’entreprise a trouvé un accord avec ses créanciers pour alléger sa dette, (1,1 milliard de dollars) par la création de 326 millions de nouvelles actions. (Source)
La bonne bouffe. C’est un constat régulièrement dressé, les populations les moins favorisées éprouvent souvent des difficultés à se nourrir correctement, faute de moyens. C’est contre cette fatalité que se bat l’initiative Opticourse déployée depuis 10 ans par l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Les formateurs et animateurs référencés par le programme sont ainsi à même de conseiller et d’aider les ménages à composer une alimentation équilibrée et nutritionnellement adaptée malgré les contraintes financières. Malheureusement, seuls six départements de la région Occitanie disposent des professionnels accrédités. Ici.
Cochon. C’est une plaie dont on parle souvent, le sanglier, qui vient jusque sur nos plages effrayer nos enfants et mettre à mal les cultures ou les jardins potagers. S’il vient jusque-là c’est en partie parce que ses populations sont difficiles à contrôler mais aussi parce que les interfaces entre les zones urbanisées et le monde sauvage se rétrécissent avec la déprise agricole. Un documentaire disponible sur la plateforme d’Arte (il sera diffusé le 3 novembre) permet d’approcher (sans risque) ce suidé encombrant ! Ici.
Loups. En Espagne, à la suite des vastes incendies survenus cette année, les associations de protection de l’environnement ont demandé à la province de Cantabrie, au nord-ouest du pays, la suspension du plan d’abattage de loups (42 individus pour 2025 et 2026, 30 ont déjà été tués) même si les incendies n’ont pas concerné directement la province. Ici (en castillan).
Changer d’urbanisme ? Face aux difficultés des villes le philosophe Chris Younès estime qu’il faut repenser la ville, mais pas comme nous l’avons fait jusqu’ici. En la concevant plutôt comme un lieu de rencontre entre humains et non-humains. Bref, faire primer le vivant sur le ciment. Ici (paywall).
Cancer sans astrologie. Une étude récente a permis de faire le point sur l’évolution des cancers dans le monde, devenu la deuxième cause de décès sur la planète (10,4 millions pour 18,5 millions de cas par an). On sait aussi, grâce à cette étude, que si le nombre de cancer augmente, c’est qu’il est poussé par le vieillissement de la population, que 66 % des décès se comptabilisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (qui seront aussi les pays qui connaîtront les plus fortes hausses à venir). Enfin, 41,7 % des décès « sont liés à des facteurs de risque évitables » souligne @ericbilly.bsky.social, dont le tabac (21,4 % des décès), l’alcool, l’alimentation, la pollution de l’air, la sédentarité. L’étude complète (en anglais) ici.
Il faut parfois s’égarer dans l’absolu pour imaginer les solutions de demain, ou tester des hypothèses comme celle-ci, loin d’être farfelue : serait-il possible que la Chine puisse produire sur son sol (elle manque de terres arables) tous les légumes dont elle a besoin pour nourrir sa population ? La réponse va vous surprendre, c’est oui ! Des chercheurs ont en effet planché sur cette question pour imaginer développer un réseau dense de serres, alimentées par les énergies renouvelables, autour des centres urbains qui serait capable, en effet, de fournir en légumes le milliard et demi de mangeurs chinois.
Les gains seraient colossaux : économie de 51 000 kilomètres carrés de terres pouvant être rendues à la nature ou consacrées à d’autres cultures ; fin du ruissellement de 186 000 tonnes d’azote par an dans la nature, le tout en ne mobilisant que 5 % du potentiel d’énergie renouvelable disponible dans le pays. Les chercheurs ont même calculé le coût de production : 0,74 euro le kilo.
Mais. Parce qu’il y a toujours un « mais », tous ces gains pour l’environnement pourraient être gommés par la construction des infrastructures propre à doubler les émissions de CO2 par kilo de légumes par rapport à l’agriculture conventionnelle. Mais, parce qu’il y a encore un « mais », des leviers existent pour réduire cette empreinte pour l’aligner avec celle de l’agriculture de plein champ. À l’heure où certaines zones vont devenir impropres à la culture, ces modélisations ouvrent des perspectives.
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