Transition//s #0.4 - 30 octobre 2025

#alimentation #PlantBasedFood #UsinesALegumes ... Le tour d'horizon des actualités marquantes dans un monde en mouvement. Bonne lecture

Transitions//s
4 min ⋅ 30/10/2025

Le sujet du moment

Quoi dans nos assiettes demain ?

Pour innocente quelle paraisse, la question mérite quon y regarde de plus près. Le bouleversement en cours de nos systèmes alimentaires va provoquer de grandes évolutions dans les prochaines décennies. Parce quil faut nous nourrir mieux, nutritionnellement parlant, en pesant moins sur notre environnement. On se souvient du récent développement des gammes de succédanées de viande composées à partir de végétaux (plant based food). Après une hype un peu folle, le soufflé, sil nest pas retombé, a perdu un peu de sa superbe. Les pionniers du secteur, Beyond Meat, Impossible Food entre autres, tirent la langue à laune de résultats financiers décevants. Les consommateurs nont pas encore choisi de complètement verdir leur menu. Il y a eu en parallèle le développement des protéines de laboratoire, viande, œufs, tout a été testé mais peu de produits ont atteint, pour linstant, les assiettes. Trois obstacles majeurs, la difficulté du changement d’échelle et la complexité des process, les barrières réglementaires, le peu dappétence des consommateurs. Parce qu’à chaque fois, il faut saffranchir de la question du goût et de laspect. Les plus iconoclastes allant même jusqu’à dire quil faudrait arrêter de copier ce qui existe et proposer des aliments complètement nouveaux.

Mais la solution passera, peut-être, par lhybridation des techniques, le plant based, la viande synthèse, et dautres technos de production de protéines alternatives encore en développement à base de mycélium, de fermentations, dinsectes… Une étude récente publiée dans Frontiers in Science dresse un tableau précis des différentes techniques, de leurs avantages et de leurs points faibles et propose une feuille de route pour le futur. Les chercheurs insistent sur la nécessité doptimiser les process den maîtriser le coût et daméliorer les propriétés fonctionnelles, les profils nutritionnels et les attributs sensoriels. Il faudra aussi passer par-dessus l’écueil de la combinaison des différents ingrédients, peu de recherches ont été réalisées dans ce domaine pour le moment et convaincre les consommateurs, donc déployer une approche des marchés et une communication adéquate. Le patron dImpossible Food ne dit dailleurs pas autre chose en invitant le secteur du Plant Based Food à changer de stratégie parce que « les gens ne veulent pas manger des aliments technologiques ou climatiques.(…) Vous devez cibler les consommateurs de viande et les inciter à essayer votre produit, mais vous ne les inciterez pas à essayer votre produit en les insultant. » Cash.

- Yann Kerveno -


L’infographie : Plus d’un milliard de dollars de perte

Jamais. Symbole du développement des alternatives végétales à la viande, lentreprise américaine Beyond Meat na jamais gagné dargent depuis sa création. Ce nest pourtant pas faute davoir levé des fonds par centaines de millions de dollars, jusqu’à son entrée, fracassante, à la bourse de New York en 2019, où elle fut valorisée en quelques heures à plus dun milliard de dollars. Fin octobre, ses actions valaient moins de deux dollars après que lentreprise a trouvé un accord avec ses créanciers pour alléger sa dette, (1,1 milliard de dollars) par la création de 326 millions de nouvelles actions. (Source)


Link//s

  • La bonne bouffe. C’est un constat régulièrement dressé, les populations les moins favorisées éprouvent souvent des difficultés à se nourrir correctement, faute de moyens. C’est contre cette fatalité que se bat l’initiative Opticourse déployée depuis 10 ans par l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Les formateurs et animateurs référencés par le programme sont ainsi à même de conseiller et d’aider les ménages à composer une alimentation équilibrée et nutritionnellement adaptée malgré les contraintes financières. Malheureusement, seuls six départements de la région Occitanie disposent des professionnels accrédités. Ici.

  • Cochon. C’est une plaie dont on parle souvent, le sanglier, qui vient jusque sur nos plages effrayer nos enfants et mettre à mal les cultures ou les jardins potagers. S’il vient jusque-là c’est en partie parce que ses populations sont difficiles à contrôler mais aussi parce que les interfaces entre les zones urbanisées et le monde sauvage se rétrécissent avec la déprise agricole. Un documentaire disponible sur la plateforme d’Arte (il sera diffusé le 3 novembre) permet d’approcher (sans risque) ce suidé encombrant ! Ici.

  • Loups. En Espagne, à la suite des vastes incendies survenus cette année, les associations de protection de l’environnement ont demandé à la province de Cantabrie, au nord-ouest du pays, la suspension du plan d’abattage de loups (42 individus pour 2025 et 2026, 30 ont déjà été tués) même si les incendies n’ont pas concerné directement la province. Ici (en castillan).

  • Changer durbanisme ? Face aux difficultés des villes le philosophe Chris Younès estime qu’il faut repenser la ville, mais pas comme nous l’avons fait jusqu’ici. En la concevant plutôt comme un lieu de rencontre entre humains et non-humains. Bref, faire primer le vivant sur le ciment. Ici (paywall).

  • Cancer sans astrologie. Une étude récente a permis de faire le point sur l’évolution des cancers dans le monde, devenu la deuxième cause de décès sur la planète (10,4 millions pour 18,5 millions de cas par an). On sait aussi, grâce à cette étude, que si le nombre de cancer augmente, c’est qu’il est poussé par le vieillissement de la population, que 66 % des décès se comptabilisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (qui seront aussi les pays qui connaîtront les plus fortes hausses à venir). Enfin, 41,7 % des décès « sont liés à des facteurs de risque évitables » souligne @ericbilly.bsky.social, dont le tabac (21,4 % des décès), l’alcool, l’alimentation, la pollution de l’air, la sédentaritéL’étude complète (en anglais) ici.


Bien vu ! Des usines à légumes pour faire plus propre

Il faut parfois s’égarer dans labsolu pour imaginer les solutions de demain, ou tester des hypothèses comme celle-ci, loin d’être farfelue : serait-il possible que la Chine puisse produire sur son sol (elle manque de terres arables) tous les légumes dont elle a besoin pour nourrir sa population ? La réponse va vous surprendre, cest oui ! Des chercheurs ont en effet planché sur cette question pour imaginer développer un réseau dense de serres, alimentées par les énergies renouvelables, autour des centres urbains qui serait capable, en effet, de fournir en légumes le milliard et demi de mangeurs chinois.

Les gains seraient colossaux : économie de 51 000 kilomètres carrés de terres pouvant être rendues à la nature ou consacrées à dautres cultures ; fin du ruissellement de 186 000 tonnes dazote par an dans la nature, le tout en ne mobilisant que 5 % du potentiel d’énergie renouvelable disponible dans le pays. Les chercheurs ont même calculé le coût de production : 0,74 euro le kilo.

Mais. Parce quil y a toujours un « mais », tous ces gains pour lenvironnement pourraient être gommés par la construction des infrastructures propre à doubler les émissions de CO2 par kilo de légumes par rapport à lagriculture conventionnelle. Mais, parce quil y a encore un « mais », des leviers existent pour réduire cette empreinte pour laligner avec celle de lagriculture de plein champ. À lheure où certaines zones vont devenir impropres à la culture, ces modélisations ouvrent des perspectives. 

(Source Renewable-fuelled plant factories ensure large-scale food supply but require low-carbon transition for environmental gains)

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Par MiP x Yann Kerveno