Transition//s #0.2 - 30 septembre 2025

#bio #relocalisation #productionagricole #économiecirculaire ... Le tour d'horizon des actualités marquantes dans un monde en mouvement. Bonne lecture

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4 min ⋅ 30/09/2025

Le sujet du moment

Impasse bio ?

Depuis la poussée inflationniste de 2021 et 2022, les produits alimentaires bios sont à la peine et les déconversions nombreuses. Une situation propre à la France qui s’est de nouveau fait doubler par l’Espagne sur le podium des producteurs européens. Un rapport récent du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux propose à l’État une nouvelle approche pour consolider l’existant et permettre à l’agriculture bio de retrouver le chemin de la croissance alors qu’un semblant de reprise s’amorce en 2025.

Dans ce document rendu public par Contexte, les deux auteurs proposent notamment de structurer l’agriculture bio différemment en s’inspirant des systèmes à l’œuvre pour les autres signes de qualité et en l’écartant du périmètre de l’État qui ne conserverait que la définition des objectifs stratégiques. Ils proposent également une déclinaison régionale du logo, entre autres. Ils invitent aussi au déploiement d’un nouveau plan d’action en faveur de l’agriculture biologique qui n’aurait pas pour but le développement des surfaces mises en œuvre mais plutôt pour renforcer sa compétitivité et réduire l’écart avec l’agriculture conventionnelle. Et rendre les produits bios plus accessibles. L’Occitanie revendique la première place des régions productrice de bio avec plus de 14 000 fermes qui représentent près d’un quart des exploitations agricoles et 20 % de la surface agricole utile.

- Yann Kerveno -


L’infographie : Facile à dire

C’est un terme à la mode, la relocalisation des productions agricoles que l’on brandit à chaque crise. C’est logique d’ailleurs, quand on y pense, puisque la France importe 70 % de ses fruits et 30 % de ses légumes (dont des produits exotiques). Pourquoi donc ne pas produire ici, quand les conditions sont réunies, ce qu’on achète là-bas ? Si l’idée est séduisante, dans la pratique c’est une autre histoire. En 2021, le cabinet Audanis avait planché là-dessus, dans l’absolu, et déterminé qu’il faudrait mettre 125 000 hectares de productions fruitières en culture et 53 000 hectares de maraîchage soit en tout et pour tout 2 % de la SAU pour se passer des importations des fruits et légumes pouvant être produits ici. Le Plan de souveraineté de la filière des fruits et légumes de 2023 était bien plus modeste en proposant d’augmenter le taux d’autoapprovisionnement de la France en fruits et légumes de 5 points d’ici 2030 et 10 d’ici 2035 alors qu’il était de 50 % au moment du Covid.

Plusieurs difficultés se dressent pourtant sur le chemin de la bonne volonté. Le contexte climatique change aussi chez nous, la problématique de l’eau est de plus en plus sensible et surtout, principal verrou, la disponibilité de la main-d’œuvre… Parmi les productions qui pourraient le plus facilement être réimplantées, la salade (qui souffre en Espagne et dont les Pyrénées-Orientales étaient un grand bassin de production) et les cultures sous serre (dont l’aubergine et les poivrons). En arboriculture, les amandes, les oliviers et les agrumes tiennent la corde mais ne disposent pas de filière, tout est donc à construire.

(Source Interfel : https://www.interfel.com/services/documentation/implication-dune-hausse-du-taux-dauto-approvisionnement-pour-la-filiere-fl-frais-interfel-franceagrimer-202311/ )


Link//s

  • C’est du lourd. Aux États-Unis, les associations de défense des personnes en surpoids ou obèses luttent contre les molécules anti-diabètes (Ozempic) utilisées pour perdre du poids. Arguant du fait que l’existence de ce médicament stigmatise les obèses qui ne veulent pas le prendre. Ici.

  • Recyclage ultime. Une bactérie pénible, un peu de génie génétique, et voilà on est aujourd’hui capable de produire du paracétamol à partir de plastique en faisant travailler une version remaniée d’Eschechiria Coli. Ici.

  • Drôles de fermes. Vous connaissez les body farms ? Non, alors sachez qu’on y laisse, c’est aux États-Unis, des corps humains se décomposer en plein air à même le sol. Notamment à des fins de formation des enquêteurs. Ici.

  • Sauver les oranges. La multinationale Coca-Cola (producteur de Minute Maid) a rejoint un consortium piloté par le Massachusset institut of Technology (MIT) pour trouver une parade, grâce à l’Intelligence artificielle, à la maladie du dragon jaune qui menace les agrumes. Ici.

  • Ciblé. La menace que fait peser le doryphore sur les cultures ne sera-t-elle plus qu’un souvenir ? La promesse est en tout cas attendue avec impatience aux États-Unis ou un nouvel insecticide qui vient interférer avec un seul gène et le cible donc spécifiquement sans concerner les autres espèces. Ce petit coléoptère a développé des résistances à quasi toutes les molécules disponibles jusqu’ici. Ici.


Bien vu ! (Petites et grandes idée//s)

Dans une chronique livrée à nos confrères des Échos, le philosophe Gaspard Kœnig ose une avancée conceptuelle hardie. En proposant que l’écologie « réconcilie biosphère et marché au lieu de s’enliser dans un affrontement entre décroissants et technophiles. » Son idée est assez simple, d’un côté il part du principe que les limites planétaires sont avérées et que la croissance sans fin est une utopie, qu’il faut donc agir avant de commettre l’irréparable. Mais de l’autre, il se demande aussi pourquoi ne pourrions-nous pas faire confiance au marché et à sa capacité d’innovation pour justement atteindre cet objectif ?

« Il ne s'agit pas de chercher un juste milieu tiède entre les deux écoles » écrit-il « mais de dépasser le clivage actuel en proposant une alternative à la fois radicale et non révolutionnaire. Oui, il y a besoin d'innovation, mais celle-ci peut être low-tech, ancrée dans les avancées de la science fondamentale (agronomique, médicale, hydrogéologique…). Oui, il faut mettre un terme à l'extraction des ressources et à la création obsessionnelle de valeur ajoutée, mais on peut concevoir une économie circulaire qui ne soit ni planifiée ni administrée. » Du grain à moudre pour sortir des clivages stériles !

(Source Les Échos : https://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/pour-une-non-croissance-non-anticapitaliste-2186401)

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Par MiP x Yann Kerveno