#pesticides #incendies #ubris #tech ... Le tour d'horizon des actualités marquantes dans un monde en mouvement. Bonne lecture
La violence des incendies qui ont ravagé l’Aude durant l’été a été nourrie par le changement climatique, la déprise agricole qui réduit les interfaces entre les zones urbaines et la forêt mais aussi par le manque d’équipements de défense contre les incendies. Reste le bilan : plus de 20 000 hectares parcourus durant l’été, 13 000 hectares brûlés et 500 000 mètres cubes de bois à sortir pour le seul incendie de Ribaute, le plus important de la saison. Quant à la reconstruction des paysages, elle risque de prendre du temps. En zone méditerranéenne, on s’appuie le plus souvent sur la régénération naturelle, avec le pin d’Alep en colonisateur à partir des graines libérées des cônes par les flammes pour faire de l’ombre et laisser les feuillus repartir sereinement à partir des rejets des souches.
Le hic, c’est que durant ces premières années, les broussailles gagnent et offrent un terrain particulièrement favorable au passage de nouveaux feux. Qui finissent par épuiser les arbres et réduire le stock de graine et transformer ce qui était une forêt méditerranéenne en simple garrigue. En Australie, les chercheurs ont mis en évidence l’impact des passages répétés du feu sur les populations d’Eucalyptus avec, à terme, une modification spatiale de leur répartition. Pendant les quelques semaines et mois qui suivent l’incendie, les sols laissés nus sont potentiellement la proie de ruissellement et d’érosion importante en cas d’orage ou, chez nous, d’épisode méditerranéen. Aux États-Unis, les sols ainsi décapés sont parfois ensemencés non avec des arbres mais avec des graminées, du blé en particulier, en raison de l’efficacité du système racinaire pour « tenir » le sol et favoriser l’infiltration de l’eau. L’idée est bonne, facile à réaliser, les semis sont faits en avions, mais les résultats un peu aléatoires, ils dépendent des pluies et ont tendance à modifier la composition de la végétation indigène.
- Yann Kerveno -
Les silures bientôt non grata ? C’est un poisson qui pèse lourd, il est gourmand, dans les rivières qu’il a conquises et fait aussi le bonheur des pêcheurs. Mais le ministère de l’agriculture s’interroge sur l’opportunité de changer son statut pour le faire entrer dans la catégorie « espèce susceptible de causer des déséquilibres biologiques » et « exotiques envahissants ». Ici.
Panacée ? L’agrivoltaïsme est-il vraiment une aubaine pour les agriculteurs en mal de diversification ? Une enquête vidéo en 5 épisodes. Ici.
Dry farming. Cultiver sans eau est impossible. Dans le nord-ouest des États-Unis, l’eau ne manque pas forcément mais une partie des agriculteurs n’y a pas accès et doivent se pencher sur des conduites sans autres apports que l’humidité des sols et les pluies. Ici.
Cultiver dans la forêt ? On connaît le développement de l'agroforesterie, mais tel l’arbre il cache peut-être la forêt et des pratiques anciennes de cultures sous les arbres. Une nouvelle piste d’adaptation ? Ici.
Gare aux abeilles. On connaissait le varroa, principale cause de la mortalité des ruches, voici venir un autre fléau out aussi redoutable, Tropilaelaps mercedesae. Parti d’Asie il est aujourd’hui aux portes de l’Europe. Ici.
Il a beaucoup été question de pesticides cet été autour de la loi Duplomb et de l’acétamipride. Une controverse qui pourrait donner à croire que le danger est partout dans notre alimentation. Pourtant, les chiffres sont plutôt rassurants. L’enquête annuelle menée par l’Agence européenne de santé sur les résidus de pesticides dans les aliments a permis de tester 132 000 échantillons en 2023. Des produits issus de l’agriculture de l’Union ou venus de pays tiers. 58 % des échantillons ne comprenaient pas (ou en dessous des limites de quantification) de résidus quand 38,3 % en contenait sans que soit dépassée la limite maximale autorisée. Les non-conformités s’élèvent à 3,7 %. La Finlande, la Suède et l’Autriche sont les plus mauvais élèves enregistrant plus de 6 % d’échantillons non conformes. Et pour être complet, sachez la limite maximale de résidus est calculée en fonction de la dose journalière admissible, elle même calculée à partir de la dose sans effet, la quantité maximale d’une substance qui peut être ingérée par un animal quotidiennement, pendant toute sa vie, sans troubles physiologiques. (Source : https://multimedia.efsa.europa.eu/pesticides-report-2023/)
Voilà approche qui décoiffe. On la doit à Professor Balthazar, qui se présente comme scientifique, agriculteur, touche à tout et qui suit de très près tout ce qui à trait à l’agriculture et aux technologies. Son analyse du crunch actuel des start-up de l’agroalimentaire et de l’agriculture a de quoi briser le mythe mais ouvre aussi un vrai champ de réflexion. Il explique dans un post de blog récent que les échecs sont plus liés à un problème de méthode que de marché. « Les investissements massifs dans l’intelligence artificielle ou la robotique ont été des tentatives mal ciblées pour corriger les problèmes inhérents à ces systèmes, au lieu de s'attaquer aux problèmes fondamentaux par le biais de pratiques agricoles saines » assène-t-il.
Reconnaissant que le problème n’est pas limité aux start-up de l’agriculture, il estime que les entreprises sont surtout concentrées sur « la résolution de problèmes hypothétique pour quelques privilégiés » plutôt que de se confronter aux enjeux de sécurité alimentaire et de durabilité qui sont les nôtres aujourd’hui. Le jugement est fort sévère mais il y a des années qu’il prévient. En 2021 il avait alerté déjà sur ce paradoxe qui voit les départements de recherches en agriculture préférer le recrutement de chercheurs ayant une « solide formation en informatique » quand Amazon ou Facebook recrutent des ingénieurs agronomes et en biosystème pour alimenter les recherches en intelligence artificielle notamment. Bref, le problème c’est, pour lui, « la sous-évaluation chronique de l'expertise agricole au profit de logiciels, de la robotique et de l'IA surestimés. » Bien vu !
https://professorbalthazar.substack.com/p/the-cea-mirage-when-tech-hubris-meets
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